Karlfried Graf Dürckheim, "Hara, Centre vital de l'homme"

Ainsi les hommes faussent-ils l'harmonie de leur rapport avec le ciel et la terre en se tenant - qu'ils soient debout, assis ou en train de marcher - exagérément droits et tendus vers le haut ou, au contraire, si affaissés qu'il est impossible de parler de verticale à leur sujet.
Dans ce dernier cas, ils ne donnent pas l'impression d'être portés, vivifiés par la terre, mais plutôt d'être inertes, indolents et collés au sol. L'enracinement dans la terre devient alors pesanteur ; au lieu de s'y appuyer, l'homme s'y enfonce. Il ne marche pas, il se traîne ; il n'est pas assis, mais effondré sur lui-même ; debout, il semble être sur le point de tomber...

Si c'est le mouvement inverse qui se produit, l'homme paraît être attiré vers le haut et renier toute relation avec la terre.
En marchant, il ne pose pas vraiment les pieds sur le sol, mais se balance, marche à tout petits pas ou sautille comme s'il n'avait pas de poids. Il ne se redresse pas de façon naturelle, mais relève les épaules, les crispant vers le haut. Cela lui donne l'air tendu et orgueilleux.

Dans les deux cas, il lui manque le Centre qui relie le haut et le bas.
Ce centre est-il présent, les forces montant vers le ciel et celles qui affirment la terre forment un tout harmonieux.
Ce qui est en haut est porté par ce qui est en bas et ce qui est en bas tend naturellement vers le haut. La "forme" vivante croit de bas en haut comme l'arbre dont la couronne repose sur un tronc vertical aux racines larges et profondes.
Ainsi, l'attitude correcte témoigne de l'acceptation par l'homme de son entité bipolaire oscillant entre le ciel et la terre.
Il ne reste pas collé à cette dernière mais lui fait confiance ; il tend vers le ciel mais n'oublie pas la terre.

l_homme_qui_marche_i_c_sotheby_s.jpg