Wolfe Lowenthal, Professeur Cheng Man-ch'ing

Le pratiquant de Tai Chi devrait concevoir que son poids s'enfonce dans le sol au travers du Puits Bouillonnant de préférence à tout autre point. On l'appelle ainsi parce qu'après une période de pratique assidue, le pratiquant commence à y ressentir l'énergie interne montant du sol en bouillonnant.

Le compréhension du Puits Bouillonnant mène à ce que le Maître appelait "notre unité avec le sol". La puissance, au Tai Chi, est l'expression de l'énergie du corps entier unifiée avec celle de la terre, et surgissant d'elle.
Bien que l'énergie soit douce -seule la douceur peut développer l'unicité- elle a la puissance de la masse qui l'intègre, comme les gouttelettes d'eau individuelles d'un raz-de-marée.

Parfois, un élève se plaint d'une douleur dans la cheville ou le genou. Si le poids ne tombe pas dans le sol par le milieu du pied, il est retenu dans l'articulation de la cheville ou du genou qui est alors obligée de le supporter. La douleur est la protestation de l'articulation. La difficulté peut généralement être résolue par l'élève s'il se concentre sur le Puits Bouillonnant, permettant aux articulations de retrouver leur fonction naturelle de conduite du poids dans le sol.

"Bien plus, si le pied n'est pas connecté au sol, il ne peut pas s'enraciner", comme disait le Maître. L'enracinement fait partie de l'aspect fonctionnel du Tai Chi, permettant à la partie supérieur du corps d'être légère et flexible, tandis que les jambes sont enracinées dans le sol. Le Maître décrivait le "pied prenant racine" comme une image à prendre au sens littéral plutôt qu'au mode figuré : "Après un certain temps, votre enracinement descendra d'un pouce ou deux au-dessous du sol".

Les racines permettent au pratiquant de Tai Chi de céder devant la force d'un opposant, d'être traversé sans être heurté. Il est comme un palmier dans un ouragan : le tronc fléchit et cède alors que les racines sont fermement ancrées, ce qui lui évite d'être balayé par la force du vent. L'enracinement du pied permet le développement d'une grande force dans les jambes.
Dans les médecines occidentales, les jambes sont appelées "le second cœur". La santé et la vitalité des pratiquants assidus de Tai Chi à un âge où la plupart des autres sont infirmes, sont en partie l'expression de la robustesse du système circulatoire et des jambes.

ancrage - Copie.jpg, janv. 2022