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4 avr. 2024

Paroles de mars

Karlfried Graf DÜRCKHEIM, HARA, Centre vital de l'homme

L'exercice de la respiration, chapitre 2

L'homme a un long chemin à parcourir - même s'il ne souffre pas de troubles respiratoires - pour apprendre à bien respirer consciemment, en laissant venir naturellement la respiration.
L'exercice de la respiration "juste" est un exercice fondamental qui, lorsqu'il est compris comme exercitium, est utile tant aux bien-portants qu'aux malades. Même le non-débutant ne peut en être tenu quitte.
Un maître Zen questionné sur sa façon d'exercer la respiration répondit : "je m'efforce depuis trente ans d'observer consciemment ma respiration sans la troubler".
C'est en pratiquant cet exercice que l'homme saisit pour la première fois tout le poids de la sagesse séculaire dans la vie, de "voir comme si l'on ne voyait pas" et "d'agir sans agir".
C'est avec étonnement et dépit que le débutant fait l'expérience que tout son savoir sur la respiration "juste" ne lui sert à rien. Bien qu'il sache qu'il doit la laisser venir, il lui est encore impossible pendant longtemps d'éliminer toute intervention de la part de son Moi. Il oppose sans cesse une résistance à l'expiration, alors que celle-ci n'est encore qu'à mi-course et il inspire plus ou moins.
On dirait qu'il n'ose pas se laisser aller entièrement dans l'expiration et craint de ne pas avoir assez d'air s'il n'aide pas lui-même sa respiration...
Mais, de ce fait, il se barre l'accès à la transformation et au devenir qui vient du font de son être, et ce sur tous les plans. C'est vraiment un grand moment que vit le débutant lorsqu'il réussit pour la première fois à laisser aller et venir son souffle de façon vivante, naturelle et, en fait, conforme à lui-même, tout en conservant pleinement conscience.
Ainsi, la respiration "juste", qui est entravée lorsque le centre de gravité est situé trop haut, se rétablit naturellement dès que l'homme trouve son centre de gravité "juste".
A peine s'est-il "installé" en son centre, ancré dans le Hara, que son diaphragme s'ouvre, son souffle va et vient librement, pouvant alors porter ses fruits dans tous les domaines.
Ainsi, toute thérapeutique respiratoire comme tout exercice de respiration doivent-ils commencer par l'acquisition du centre de gravité "juste".
Tant qu'il n'aura pas été trouvé et consolidé, tout effort pour respirer sera vain, et notamment si la volonté entre en jeu.

NB: Hara, pour les japonais, Dantien ou Tantien pour les chinois
hara.PNG, avr. 2024

27 fév. 2024

Paroles de février

Karlfried Graf DÜRCKHEIM, HARA, Centre vital de l'homme

L'exercice de la respiration, chapitre I

Il existe une grande variété d'exercices respiratoires inventés par l'homme, qui sont sujets à contestation. On peut, en effet, se demander dans quelle mesure ils atteignent le but particulier qu'ils étaient destinés à remplir, par exemple réussir une performance ou encore corriger une infirmité physique. En revanche, il est un exercice de la respiration valable pour n'importe quelle étape et qui est incontestable : c'est celui qui exerce, rétablit ou consolide la respiration voulue par la nature et correspond au mouvement de transformation originel.
"Exercer" cette respiration signifie apprendre simplement à la laisser venir.
La respiration "juste" n'est pas le produit de la volonté, mais va et vient d'elle-même, sans que le Moi agisse, consciemment ou inconsciemment. Si le mouvement naturel du diaphragme est réduit, le relais est pris par un mouvement des muscles auxiliaires situés plus haut.
Tout l'exercice "juste" de la respiration "physique" a pour but de restaurer la respiration diaphragmatique. Cela a un effet salutaire à tous les niveaux.
Tout d'abord, au stade élémentaire, c'est à dire lorsque la respiration thoracique est limitée et la respiration profonde impossible, comme dans les cas d'affections pulmonaires ou de troubles cardiaques.
Au niveau de la personnalité existentielle, la respiration bloquée en haut indique que l'homme est prisonnier du Moi qui reste toujours sur la défensive et, par conséquent, n'est pas encore vraiment ouvert à autrui ni au monde. Son Moi manquant de confiance lui fait croire qu'il doit tout faire et tout surveiller lui-même, donc aussi la respiration. Il ne la laisse pas venir et partir naturellement, mais la force et déforme l'expiration complète, profonde par une résistance. En d'autres termes, il ne sait pas lâcher prise ni s'abandonner. Aussi cet inconscient blocage respiratoire signifie-t-il un blocage sur la Voie intérieure qui exige le lâcher-prise, l'abandon du Moi.
La première chose à apprendre est donc : laisser s'accomplir de lui-même le phénomène de la respiration. Cela est beaucoup plus difficile que l'on a tendance à le croire. Il est difficile de faire disparaître la tension involontaire due au Moi toujours inquiet, qui se manifeste par un contrôle et un blocage inconscients de la respiration. On s'en rend compte la première fois que l'on fait attention à sa respiration.
Le rythme vivant, naturel, est aussitôt rompu. La respiration s'arrête et le débutant a l'impression de ne pouvoir tout simplement plus respirer comme il faut, il étouffe.

obelix.PNG, fév. 2024

31 janv. 2024

Paroles de janvier

Catherine Despeux(1), Taiji Quan, Art martial, technique de longue vie
Méthode d'enseignement du Taiji Quan

La répétition d'un même mouvement pendant des milliers de fois aide l'exécutant à prendre conscience des moindres mouvements de son corps.



Dans la pratique, l'élève va donc répéter au centimètre près les mêmes mouvements des mois et des mois. L'apprentissage de l'enchaînement des mouvements peut durer de quelques mois à une année pour des personnes s'exerçant chaque jour.
Une fois que ces mouvements sont bien connus et reproduits fidèlement après les nombreuses corrections du maître, l'élève peut commencer à travailler des points précis. Il va s'efforcer par exemple de sentir l'air avec plus d'acuité, comme s'il nageait dans l'eau ; cette impression naît d'ailleurs tout naturellement à partir du moment où les mouvements exécutés sont de plus en plus relâchés.



Un élément susceptible de dérouter le débutant est le manque de résultats tangibles rapides, c'est un exercice de longue haleine qui demande des années avant d'aboutir.
Et si l'occidental est découragé au début par l'effort de mémorisation, c'est qu'il n'a pas compris que le plus important n'est pas le résultat, mais le geste en lui-même, l'attention qu'il lui porte.

Cette attention ne doit pas être un effort, mais une ouverture sur une perception différente des choses. Ainsi l'enchaînement n'est-il qu'un support pour un travail en profondeur sur le corps et l'esprit.

(1) Catherine Despeux est sinologue, professeur émérite de l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales, et administratrice de l'institut d'études bouddhiques. Elle est notamment connue du grand public pour ses travaux sur le taoïsme, le Tai Chi Chuan et le le bouddhisme Chan. (source Wikipédia)

batblog.jpg, janv. 2024

10 déc. 2023

Paroles de décembre

Jean Gortais, L'enseignement de Li Guangua, la tradition de l'École Yang
Sentir le mouvement

Chaque mouvement naît, se développe, décline et n'est pas séparé de celui qui le précède ni de celui qui le suit ; il est partie intégrante d'un mouvement plus vaste qui se déploie sans rupture, tel un flot continu.
La pratique du Taiji quan permet de percevoir et d'équilibrer notre dynamisme vital et intérieur. Elle nous met en relation avec le grand cycle de la vie et et nous aide à conduire l'énergie sans effort dans la stabilité.
Le premier mouvement que réalise un débutant ne dépend pas simplement de la difficulté technique de l'exercice. C'est un état d'attention, d'ouverture et de calme. La constance de la pratique développe cette présence à soi-même. Sur la base des principes du Taiji, la technique apparaît non pas une recherche de performance mais devient, au contraire, le support qui permet de développer la stabilité, d'enrichir la créativité, de s'ouvrir plus largement à soi-même, aux autres, à l'espace.

2023 04 02 (70).JPG, déc. 2023

23 nov. 2023

Paroles de novembre

Jean Gortais, L'enseignement de Li Guanghua, La tradition de l'École Yang
Entre Ciel et Terre

L'homme est en mouvement entre terre et ciel. La marche en est l'exemple le plus simple et le plus évident. La pratique du Taiji quan réalise une union entre le haut et le bas ; elle relie notre aspiration vers le ciel et notre enracinement dans la terre.
Par la présence de la souplesse et de la stabilité, le mouvement peut alors être à la fois ouvert, ferme et mobile. De là naît la vraie fluidité dans laquelle la légèreté n'est pas flottement et l'enracinement n'est pas lourdeur. Privée de ses racines, une plante ne peut grandir, privée de la lumière, elle ne peut s'épanouir.

2023 04 02 (117).JPG, nov. 2023

12 nov. 2023

Paroles d'octobre

Jean Gortais, L'enseignement de Li Guanghua, La tradition de l'École Yang
La rencontre avec l'expérience

Le sens de l'exercice n'est pas la réalisation rigide, automatique d'un geste ou d'une posture déjà connus mais le développement, à travers la pratique, d'une sensibilité nouvelle en relation avec l'espace et l'énergie cosmique.
Le coeur de l'exercice est chaleur, écoute dans la stabilité, silence dans le mouvement.
Etre présent dans les postures, dans les gestes des différents exercices du Taiji quan, il n'y a pas autre chose à chercher. Intérieurement son goût devient plein et ouvert à l'espace. Ce goût ne peut être saisi, il apparaît avec la pratique et résonne au-delà de la pratique.
Cela demande de l'attention.

2023 04 02 (49) - Copie.JPG, nov. 2023

11 mai 2022

Paroles d'avril

Jacques Castermane, La sagesse exercée

"Aujourd'hui je sais pourquoi il est bien de répéter chaque jour le même exercice pendant... trente ans!
L'exercice que je répète est, il est vrai, toujours le même.
Par contre, l'expérience intérieure, née de la pratique de l'exercice et éprouvée en pratiquant l'exercice, est toujours neuve, plus profonde.
Si on répète toujours le même exercice c'est afin de renouveler et d'approfondir l'expérience. Voila le grand principe des exercices spirituels, des exercices sur le chemin de la sagesse.
Vous devez savoir qu'un exercice n'a jamais transformé personne. C'est l'expérience engendrée par la pratique de l'exercice, et éprouvée au moment où l'exercice est pratiqué, qui engage celui qui s'exerce dans un processus de maturation."

"La sagesse ne tient pas lieu de philosophie ; la philosophie ne tient pas lieu de sagesse : nous avons besoin des deux, et de la différence entre les deux. C'est ce qui justifie le livre de Jacques Castermane, et qui en fait le prix." André Comte-Sponville

blog.jpg, mai 2022

29 mar. 2022

Paroles de mars

Georges Saby (mon Maître), Traité d'énergétique chinoise
La lenteur, le défi

Voilà un beau couple YIN/YANG dont l'usage conjoint sera favorable à la santé!
La lenteur représente un mode de mouvement inhabituel en sport. Nous l'utilisons beaucoup dans notre pratique.
L'immobilité corporelle, ou "pire", le rien faire, comme attendre sans intention, même pas en méditant, produit justement un quelque chose d'immatériel, d'intéressant et de perceptible.
Ce changement par "le non-agir" permet à notre être de renouer avec nos instincts, au point de provoquer parfois des améliorations de notre santé qui n'entrent cependant dans aucune programmation calculable.
La lenteur permet :
- la relaxation
- la concentration de l'attention
- l'étude de la mémorisation des gestes
- d'ouvrir les articulations au-delà du contre-réflexe qui sert à les protéger (réflexe myotatique)
- la circulation du sang, de l'oxygène, de l'influx nerveux.

En tant que partie YIN d'un couple YIN/YANG où le YANG est la vitesse, la lenteur a l'avantage de participer en nous à l'essentiel de nos rythmes biologiques. A part le coeur, aucun organe n'a de rythme rapide et continu en nous.

Un principe de la culture chinoise dans sa relation à la lenteur peut être exprimé par ce dicton :
"Ce que la nature construit avec lenteur se révèle généralement plus solide".

lenteur.jpeg, mar. 2022

12 mar. 2022

Paroles de février

Christophe André, Et n'oublie pas d'être heureux
Lâcher-prise

C'est une attitude précieuse mais plus complexe qu'il n'y parait.
Le lâcher-prise nous est utile chaque fois que nous sommes en échec et que nous sentons monter la détresse à cause de cet échec.
Il ne consiste pas seulement à renoncer ou à se reposer, mais à mobiliser un ensemble de stratégies :

1) décider de cesser l'effort tel que nous le conduisons, s'arrêter de forcer ;
2) accepter que ça ne se passe pas, que la voie est bouchée, soit parce-que ce n'est pas la bonne voie, soit parce-que ce n'est pas le bon moment, soit parce-que ce n'est pas la bonne manière ;
3) observer la montée des états d'âme négatifs (déception, colère, abattement, humiliation), se dire que c'est normal mais pas souhaitable ;
4) se désengager de la tâche ou de la situation, en sortir et s'accorder une bouffée de vie, se dire qu'on y reviendra plus tard, ou jamais ;
5) se décapsuler une bonne bière. Non je rigole : la cinquième étape est vraiment optionnelle dans le lâcher-prise.

lâcher prise.PNG, mar. 2022

18 fév. 2022

Paroles de janvier

Ilios Kotsou, Matthieu Ricard, Les folles histoires du sage Nasredin, changer de regard.

Avez-vous remarqué à quel point nos état émotionnels influencent notre expérience de la vie?
Fatigués, malades, contrariés, nous regardons le monde comme au travers de lunettes dont les verres sont noircis : tout nous semble terne et triste.
A contrario, au contact d'émotions plus agréables, nous avons l'impression que tout est lumineux, les passants sont joyeux, la nature propice et le monde entier nous sourit.
De façon générale, nous voyons le monde non tel qu'il est mais tel que les filtres de notre passé, de notre culture, de nos expérience et de nos croyances nous le font percevoir. Cette question du regard que nous portons sur les événements de la vie est centrale sur un chemin de sagesse.
Comme le souligne Epictète, notre manière d'interpréter les situations, de leur donner du sens, a un énorme impact sur notre existence. De plus, ce qui dépend de nous, fondamentalement, ce ne sont pas les circonstances, mais notre manière de les appréhender. De très nombreuses recherches scientifiques ont montré que la capacité de changer de perspective, de prendre en compte des points de vue différents, était associée à une aptitude à prendre des décisions plus équilibrées, à mieux raisonner pour résoudre un conflit ou à agir de manière plus coopérative.
Par ailleurs, notre vision du monde est parcellaire : nous ne voyons jamais l'ensemble de la situation. Tous nos points de vue sont donc relatifs.
Prenons un exemple. Deux personnes se disputent en regardant un chiffre dessiné par terre : pour l'une c'est un 9, pour l'autre c'est un 6. Qui a raison?
Si nous n'en sommes pas conscients, nous prenons nos interprétations limitées pour la réalité. Avoir la faculté de regarder les choses sous un autre angle nous donne une perception plus fine et plus globale d'une situation. Cela développe aussi notre créativité et nous permet de trouver des solutions ingénieuses aux problèmes que nous rencontrons.
Comme le Dalaï-Lama l'explique souvent, imaginez-vous en présence d'une pomme rouge d'un côté, verte de l'autre. Si vous avez le nez collé dessus, vous ne verrez qu'une seule couleur. C'est seulement en prenant de la distance, en la tournant dans tous les sens, que vous percevrez ses différentes facettes.
Changer de perspective est la voie pour sortir des situations compliquées, des impasses, et nous ouvrir à un nombre infini de possibilités. Modifier son regard sur une question permet de ne pas s'y attacher et de développer son argumentation et sa capacité à raisonner avec créativité.
IMG_3740.JPG, fév. 2022

12 janv. 2022

Paroles de décembre

Wolfe Lowenthal, Professeur Cheng Man-ch'ing

Le pratiquant de Tai Chi devrait concevoir que son poids s'enfonce dans le sol au travers du Puits Bouillonnant de préférence à tout autre point. On l'appelle ainsi parce qu'après une période de pratique assidue, le pratiquant commence à y ressentir l'énergie interne montant du sol en bouillonnant.

Le compréhension du Puits Bouillonnant mène à ce que le Maître appelait "notre unité avec le sol". La puissance, au Tai Chi, est l'expression de l'énergie du corps entier unifiée avec celle de la terre, et surgissant d'elle.
Bien que l'énergie soit douce -seule la douceur peut développer l'unicité- elle a la puissance de la masse qui l'intègre, comme les gouttelettes d'eau individuelles d'un raz-de-marée.

Parfois, un élève se plaint d'une douleur dans la cheville ou le genou. Si le poids ne tombe pas dans le sol par le milieu du pied, il est retenu dans l'articulation de la cheville ou du genou qui est alors obligée de le supporter. La douleur est la protestation de l'articulation. La difficulté peut généralement être résolue par l'élève s'il se concentre sur le Puits Bouillonnant, permettant aux articulations de retrouver leur fonction naturelle de conduite du poids dans le sol.

"Bien plus, si le pied n'est pas connecté au sol, il ne peut pas s'enraciner", comme disait le Maître. L'enracinement fait partie de l'aspect fonctionnel du Tai Chi, permettant à la partie supérieur du corps d'être légère et flexible, tandis que les jambes sont enracinées dans le sol. Le Maître décrivait le "pied prenant racine" comme une image à prendre au sens littéral plutôt qu'au mode figuré : "Après un certain temps, votre enracinement descendra d'un pouce ou deux au-dessous du sol".

Les racines permettent au pratiquant de Tai Chi de céder devant la force d'un opposant, d'être traversé sans être heurté. Il est comme un palmier dans un ouragan : le tronc fléchit et cède alors que les racines sont fermement ancrées, ce qui lui évite d'être balayé par la force du vent. L'enracinement du pied permet le développement d'une grande force dans les jambes.
Dans les médecines occidentales, les jambes sont appelées "le second cœur". La santé et la vitalité des pratiquants assidus de Tai Chi à un âge où la plupart des autres sont infirmes, sont en partie l'expression de la robustesse du système circulatoire et des jambes.

ancrage - Copie.jpg, janv. 2022

29 nov. 2021

Paroles de novembre

Michael Gilman, Les 108 clés du TAI CHI

Plus la pratique du Tai Chi est intense, plus on le voit apparaître partout...
Quelqu'un parlait d'un enseignant de jazz qui avait noté sur ses tablettes sa conception de l'apprentissage du jazz.
Quand j'ai eu vent de cela, je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'il parlait réellement de la meilleure façon d'apprendre le Tai Chi.
Sur ses tablettes étaient inscrits trois mots : imiter, assimiler, innover.

Combien tout cela est vrai ! Imitez votre professeur et vos maîtres ; assimilez leur enseignement et leurs mouvements pour les faire vôtres ; innovez et donnez au Tai chi la possibilité de croître et de se transformer. Apprenez les Classiques, comprenez leur raison d'être, et puis allez de l'avant.
Respectez le passé, faites l'expérience du présent et préparez l'avenir.
Il apparait que le Tai Chi et le jazz partagent bien des choses en commun...
jazz.PNG, nov. 2021

30 oct. 2021

Paroles d'octobre

Jon Kabat-Zinn, Où tu vas, tu es
La pratique du non-agir (2/2)

Le non-agir n'a rien à voir avec l'indolence ou la passivité.
Bien au contraire.
Cultiver le non-agir, que ce soit dans l'immobilité ou dans le mouvement, requiert beaucoup de courage et d'énergie.
En outre, il est difficile de consacrer régulièrement un certain temps au non-agir par rapport à toutes nos occupations quotidiennes. Cependant, le non-agir ne devrait pas être une menace pour ceux qui se sentent dans l'obligation de toujours accomplir quelque chose.
Il découvriront peut-être qu'il pourront en "faire" encore plus et mieux en pratiquant le non-agir.
Il s'agit simplement de laisser les choses suivre leur propre cours, sans effort.
L'image d'un mouvement sans effort se produit parfois dans la danse et les sports de hauts niveaux. Le spectacle de ces moments privilégiés nous coupe le souffle. Ce phénomène peut se produire dans tous les domaines de l'activité humaine, du travail de mécanicien au travail parental.
Cela arrive habituellement au bout de nombreuses années de pratique et d'expérience, permettant une exécution inédite, au-delà de la technique, de l'effort, et surtout de la pensée.
L'action devient alors une expression analogue à la création artistique, un lâcher-prise de l'effort conscient, une union de l'esprit et du corps en mouvement.
Nous caressons tous au fond de nous le secret espoir de connaître dans nos vies de tels moments remplis de grâce et d'harmonie. Thoreau dit encore : "Transformer la qualité de la journée est le suprême de l'art".
En parlant de la danse, Martha Graham a dit un jour à ses élèves : "La seule chose qui compte est ce moment en mouvement. Rendez-le vital et unique. Ne le laissez pas filer en douce, sans l'apprivoiser".
Thoreau et Martha Graham avaient une intuition digne des plus grands maîtres de méditation.
Il nous appartient donc de travailler notre vie entière sur la pratique du non-agir en sachant pertinemment que cultiver le non-agir, ironiquement, exigera de nous plus d'effort que l'action qui nous est naturelle.

IMG_5258 - Copie.JPG, oct. 2021

15 oct. 2021

Paroles de septembre

Jon Kabat-Zinn, Où tu vas, tu es
Le paradoxe du non-agir (1/2)

La saveur du non-agir et le plaisir que l'on peut en retirer sont difficiles à saisir pour nous autres occidentaux car notre culture valorise surtout l'action et le progrès.
Même nos loisirs tendent vers une hyperactivité constante. Le bonheur du non-agir réside en ce que rien d'autre n'a besoin de se passer pour que ce moment-ci soit accompli.
Quand Thoreau dit : "Le jour se lève et soudain le soir survient, et rien de mémorable n'a été accompli", c'est une provocation pour les gens obnubilés par le désir de réussir et de progresser dans le monde.
Mais au nom de quoi a-t-on le droit de juger qu'une matinée passée à rêver sur le pas de sa porte est moins mémorable ou méritoire qu'une vie active et bien remplie?
Thoreau tient un discours qui se révèle aussi actuel aujourd'hui qu'il l'était à son époque. Pour ceux qui veulent bien l'entendre, il souligne l'importance de la contemplation et du détachement à l'égard du résultat. Seule compte la jouissance d'être dans le moment présent...

2020 12 21 Riou CO (83).JPG, oct. 2021

29 juin 2021

Parole de juin

Mantak Chia, principes fondamentaux

"Restez enraciné dans chaque mouvement que vous accomplissez"

Enracinement signifie connexion avec le sol.
Toutes les formes de travail énergétiques exigent que l'on reste solidement enraciné. Malheureusement, l'enracinement est très mal compris en dehors des milieux des arts martiaux.
Des personnes qui pratiquent la méditation depuis longtemps n'ont jamais entendu parler d'enracinement.
Imaginez un électricien qui n'aurait jamais entendu parler de prise de terre ! Tôt ou tard il va au devant de grands ennuis !
La pratique du Tai Chi intègre l'enracinement physique dans la façon dont on se meut dans sa propre vie. La pratique de l'enracinement psychique est cultivée par la méditation. L'un reflète l'autre. L'enracinement cultivé grâce au Tai Chi se manifeste comme stabilité dans le mouvement.
Émotionnellement, il se manifeste par une personnalité stable douée d'un dessein clair et d'une pleine maîtrise du pouvoir de volonté.
En tant qu'aspect de la culture spirituelle du Tao, l'enracinement est très important. Le Tai Chi développe cette capacité.

IMG_1496 - Copie.JPG, juin 2021

24 mai 2021

Paroles de mai

Sur Charlie Chaplin
Charlie Chaplin est décédé à l'âge de 88 ans.

Il nous a laissé 4 déclarations :
1) Rien n'est éternel dans ce monde, pas même les problèmes.
2) J'aime marcher sous la pluie parce-que personne ne peut voir mes larmes.
3) Le jour le plus gaspillé dans la vie est le jour où nous ne rions pas.
4) Les six meilleurs médecins du monde... Soleil, repos, exercice, régime alimentaire, estime de soi, amis.

Charlie-Chaplin-Charlot_0_729_547.jpg, mai 2021

2 avr. 2021

Paroles d'avril

Frédéric Lenoir, Petit traité de vie intérieure

Silence et méditation
Pour prendre de la distance vis-à-vis des événements nous avons besoin de solitude et de silence. Mais nous en avons souvent peur. Dans notre monde moderne où nous vivons cernés par trop de mots et de musique, de bruit et de clameur, l'absence de sons nous apparaît angoissante. Une demi-heure sans stimulus extérieur nous inquiète : au lieu de nous réjouir de ce temps, nous nous précipitons sur notre téléphone pour être en contact avec le monde.
Nous avons peur de nous retrouver seuls avec nous-mêmes, peur du silence intérieur auquel le silence extérieur ouvre la voie.
Le vrai silence est celui que l'on trouve au fond de soi. Il ne consiste pas seulement à éteindre la radio ou la télévision, mais surtout à ne plus être prisonniers de nos pensées et de notre bruit intérieur, souvent encore plus parasitant que les sons provenant de l'extérieur.

Vivre dans le silence ne sert pas à grand chose si notre esprit est agité. De la même manière que notre corps réclame le repos, notre mental a lui aussi besoin de se calmer, de s'apaiser, d'échapper provisoirement aux tensions. Ce repos lui permet d'accéder à la contemplation, une activité qui est, selon le philosophe grec Aristote, "le parfait bonheur de l'homme".
"Plus on possède la faculté de contempler, déclare-t-il, plus on est heureux, heureux non pas par accident mais en vertu de la contemplation même, car cette dernière est par elle-même d'un grand prix. Il en résulte que le bonheur ne saurait être qu'une forme de contemplation" (1).
Tous les courants de sagesse ont mis en avant l'importance de la solitude et du silence intérieur.

(1) Aristote, Éthique à Nicomaque

2020 12 21 Riou CO (105).JPG, avr. 2021

30 avr. 2020

Paroles d'avril

Benjamin Hoff, Le TAO de Pooh*, WU WEI

Le temps d'arriver au bout de la forêt, le ruisseau avait grossi jusqu'à devenir presque une rivière, et ayant ainsi grossi, il ne courait plus, ne sautait plus et ne jaillissait plus comme lorsqu'il était plus jeune, mais s'écoulait plus lentement. Car il savait maintenant où il allait et se disait à lui même : il n'y a pas d'urgence ; nous y arriverons forcément un jour.

Nous voici parvenus à ce qu'on pourrait considérer comme l'élément le plus caractéristique du Tao. En chinois il est appelé Wu wei .
Littéralement Wu wei signifie "non-agir, non provoquer, ou non-faire". Mais du point de vue pratique, il signifie plutôt sans effort inapproprié, égoïste et exagéré.
Le fait que le caractère Wei provienne des symboles désignant une main qui s'agrippe et un singe est assez significatif, puisque le terme Wu wei a le sens de ne pas aller contre la nature des choses, de ne pas fausser son habileté, de ne pas faire le singe. L'efficacité de Wu wei est comparable à celle de l'eau qui s'écoule en passant par-dessus et en contournant les rochers qu'elle rencontre. Elle ne correspond pas à l'approche mécanique et linéaire qui aboutit en général à court-circuiter les lois naturelles, mais au contraire à celle qui émane de la sensibilité intérieure des rythmes naturels du monde.

Prenons par exemple dans les écrits de Tchouang-Tseu :

A la gorge de Liu, la grande cascade plonge d’une hauteur de plusieurs centaines de pieds et son écume est visible à des kilomètres. Dans cette eau tourbillonnante, aucune créature vivante ne peut s'ébattre. Or un jour Confucius se tenait à quelque distance de la chute d'eau, quand il vit un vieil homme qui nageait dans les remous. Le prenant pour un désespéré, il appela des disciples et leur ordonna de suivre la berge pour l'aider. Mais le temps d'atteindre un endroit plus accessible, ils virent le vieil homme sortir de l'eau par ses propres moyens et, se mettant à changer, s'éloigner comme s'il se promenait.
Confucius, s'étant empressé de le rejoindre, lui dit : "Vous devriez être un esprit pour pouvoir survivre à cela, mais je vois que vous êtes un homme. Quel est votre pouvoir secret pour nager ainsi?" "Je n'ai aucune méthode spéciale ", répondit l'homme. "J'ai commencé à pratiquer très jeune, puis en grandissant cela est devenu comme une nature. Maintenant c'est comme mon destin Je descends avec les tourbillons et remonte avec les remous. J'obéis au mouvement de l'eau et oublie ma propre volonté. Je suis à l'aise et survis parce que je ne me bats pas contre le pouvoir supérieur de l'eau . C'est tout.

*Winnie l'ourson

pooh.jpg, mar. 2021

30 mar. 2020

Paroles de mars

Krishnamurti, Entretiens

"Les transformations auxquelles nous procédons dans notre vie intérieure ou extérieure ne sont-elles pas inutiles aussi longtemps qu'elles procèdent d'un mobile personnel?
La seule transformation authentique ne serait-elle pas celle qui ne procède d'aucun mobile?"
tao.png, mar. 2021

28 fév. 2020

Paroles de février

Les secrets des anciens Maïtres de Taichi, Le chant de la véritable signification
Texte anonyme

Pendant votre pratique du Taichi Chuan, oubliez tout.
Vous devez garder la tête froide et rester centré.
Aucune idée (a priori) ne doit troubler votre vision, aucune pensée ne doit perturber votre action. Le corps relâché et stable, vous devenez agile et léger.
Chassez souvenirs et projets, vivez le moment présent.
Corps et esprit perdent leur forme ; non qu'ils deviennent amorphes, mais pur potentiel, ne venant jeter aucune ombre sur le monde physique, parce que votre intention ne s'est pas encore manifestée.
En un certain sens, votre corps devient ainsi transparent à toutes forces extérieures. Oubliez ce qui vous entoure et ne faites que l'essentiel.
Votre souffle relie les mondes intérieurs et extérieurs.
Votre esprit doit rester clair, votre tête semblant suspendue par le haut, et votre corps aussi stable et enraciné qu'une montagne massive.
Votre racine doit être à la fois profonde et large, comme la base de la montagne qui s'absorbe dans la croûte terrestre, soutenant votre esprit au fur et à mesure qu'il s'élève comme le sommet de la montagne.
Conservez le sacrum rentré, ce qui vous permet d'ouvrir la colonne lombaire et de la connecter avec les jambes.
Dégagez la tête des épaules et rentrez très légèrement le menton pour étirer doucement la colonne vertébrale.
Soyez attentif à ne pas projeter le menton vers l'avant, ce qui créerait une tension dans la partie basse du cou.
Quand le Taichi Chuan est pratiqué de façon profonde et intense, il emplit votre vie en s'impliquant dans tout ce que vous entreprenez. A ce stade la séparation entre vie et art disparaît et tous vos effort tendent à transmuer votre être en un tout unifié.

pastré 2020 06 01 (24).png, mar. 2021

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